Exemple d’ouvertures au Bridge

Ouverture à Sans-Atout

L'ouverture à Sans-Atout est une ouverture rigoureuse et précise, elle indique un nombre de points bien déterminé : 17 ou 18 points si l'ouverture est à 1 Sans-Atout, 20, 21 ou 22 points si l'ouverture est à 2 Sans-Atout. Comme nous l'avons dit, l'arrêt dans les 4 couleurs n'est pas nécessaire pour ouvrir de 1 Sans-Atout (mais il est cependant préférable, cela va de soi). On notera aussi qu'il n'est possible d'ouvrir à Sans-Atout que si l'on a l'une des trois distributions : 4-3-3-3, 4-4-3-2 ou 5-3-3-2. En se reportant au tableau de distribution, on constate que la fréquence de ces distributions est, respectivement : 10,5 %, 21,5 % ou 15,5 %. Autrement dit, on possède une distribution Sans-Atout, en moyenne, 47,5 fois sur 100, soit près d'une fois sur deux. Néanmoins, il faut bien prendre garde au fait que l'ouverture à Sans-Atout exige une force en honneurs supérieure à la force exigée pour une ouverture à la Couleur. Pour ouvrir de 2 Sans-Atout, il faut l'arrêt dans les 4 couleurs; sinon, on traite sa main comme une main à la Couleur, et l'ouverture sera de 2 à la Couleur.

Ouverture de 1 à la Couleur

Ce sont les ouvertures les plus répandues. Rappelons qu'une couleur n'est annonçable que si elle est composée soit de 5 cartes, avec au moins 1 honneur, soit de 4 cartes avec un minimum de D-V-x-x. Pour ouvrir de 1 à la Couleur, il faut avoir entre 13 et 19 points.

Quatre cas peuvent se présenter :

1 - il n'existe aucune couleur annonçable.
2 - il y a une couleur annonçable (main unicolore)
3 - il y a deux couleurs annonçables (main bicolore)
4 - il y a trois couleurs annonçables (main tricolore)

Il n'y a aucune couleur annonçable. Avec 13 points, le doute est permis, et l'on peut à la rigueur passer. Mais avec plus de 13 points, il faut absolument parler. Comme aucune couleur n'est annonçable, il faut faire une annonce conventionnelle. Celle qui est utilisée actuellement est « 1 Trèfle ». Il faut bien comprendre que lorsque votre partenaire ouvre de « 1 Trèfle », cela ne signifie pas nécessairement qu'il a l'intention de jouer le contrat à Trèfle. Cela signifie simplement qu'il a entre 13 et 19 points et qu'il ne possède aucune couleur annonçable dans sa main. Il peut se trouver, évidemment, que la couleur annonçable soit précisément Trèfle. Dans ce cas, son annonce n'est plus conventionnelle, mais elle décrit réellement son jeu : seule la suite des enchères permettra de le découvrir.

Main unicolore

Puisqu'il y a une couleur annonçable, on la déclare au niveau de 1 levée (voir exemples ci-dessous).

Exemple d’ouvertures (distributions Sans-Atout ou mains unicolores) :

♤RDXXX
♡AX
◇DXX
♧DXX
1

♤ADVX
♡ADX
◇DXX
♧DXX
2

♤ADVX
♡ADX
◇VXX
♧XXX
3

♤VXXXX
♡AX
◇RDX
♧DVX
4

1 - 13 points d’honneurs plus 1 point de distribustion (doubleton à Cœur) = 14 points. Distribution 5-3-3-2. Couleur annonçable : Pique. Ouverture 1 Pique.
2 - Distribution Sans-Atout (4-4-3-2). 17 points d'honneurs. Ouverture : 1 Sans-Atout.
3 - Encore une distribution à Sans-Atout (4-3-3-3), mais il n'y a que 14 points d'honneurs. Ouverture : 1 Pique (seule couleur annonçable).
4 - Même distribution que dans la main 1, même nombre de points. Cependant Pique n'est pas une couleur annonçable. Il vaut mieux ouvrir de 1 Trèfle (dans certains cas, l'ouverture à 1 Pique serait défendable).

Main bicolore

On appelle ainsi une main qui possède deux couleurs annonçables. Voici, très schématiquement, comment il faut la traiter quand on joue la méthode dite « la longue d'abord ». Indépendamment des considérations sur les forces de la main, deux cas peuvent se présenter : ou bien les deux couleurs sont égales (deux couleurs par 4 ou deux couleurs par 5), ou bien elles sont inégales (une couleur par 4 et une deuxième couleur par 5 ou 6). La règle générale, qui ne souffre que de légères exceptions (voir l’exemple ci-dessous) est la suivante : lorsque les deux couleurs sont égales, il faut ouvrir de la plus chère. Lorsqu’elles sont inégales, il faut ouvrir de la plus longue. Ainsi, si J1 possède une main avec 15 points d'honneurs, dans laquelle il y a 4 Piques et 4 Cœurs, il doit ouvrir, en principe, de 1 Pique, la couleur Pique étant plus « chère » que la couleur Cœur.

Les trois exceptions à cette règle sont les suivantes :

1 - avec un bicolore 4-4 (c'est-à-dire avec une main qui contient deux couleurs par 4), si la main est faible, et si les deux couleurs ne se touchent pas (par exemple : 4 Piques et 4 Carreaux, 4 Piques et 4 Trèfles, 4 Cœurs et 4 Trèfles), il faut ouvrir de la moins chère.
2 - avec un bicolore 5-5, quelle que soit la force de la main, si la plus chère n'est pas déclarable, il faut la considérer, pour l'ouverture, comme une couleur par 4.
3 - avec un bicolore à 2 couleurs inégales, si la main est faible et si la plus longue n'est pas déclarable, il faut la considérer comme une couleur par 4. Cela dit, voici brièvement résumées, les ouvertures de « 1 à la Couleur » avec un jeu bicolore dans le système de la longue.

Exemple d’ouvertures (mains bicolores) :

♤R10XX
♡ARDX
◇DX
♧XXX
1

♤XX
♡ADXXX
◇ADV10XX
♧X
2

♤DX
♡XXXXX
◇AV10XX
♧A
3

♤R10XX
♡DX
◇ARDX
♧XXX
4

♤RDXX
♡DX
◇ARDXX
♧RXX
5

♤A10XX
♡ADX
◇RVXXX
♧R
6

♤A10XX
♡DXX
◇RVXXX
♧RXX
7

♤AVXX
♡RDX
◇XXXXX
♧D
8

1 - Bicolore 4-4. 14 + 1 = 15 points. Les deux couleurs se touchent, il faut ouvrir de 1 Pique.
2 - Bicolore 5-5. 11 + 3 = 14 points. Les deux couleurs sont déclarables, il faut ouvrir de 1 Cœur.
3 - Bicolore 5-5, comme avec la main 2, mais les Cœurs ne sont pas déclarables (il n'y a pas un seul honneur à Cœur) : il faut ouvrir de 1 Carreau.
4 - Bicolore 4-4. 14 + 1 = 15 points. Les deux couleurs sont séparées (Pique et Carreau). La main étant faible (15 points), il faut ouvrir de 1 Carreau.
5 - Encore un bicolore 4-4, avec couleurs séparées, mais cette fois-ci la main est forte (17 + 1 = 18 points) il faut ouvrir de 1 Pique.
6 - Bicolore 4-5, main forte (17 + 1 = 18 points) : il faut ouvrir de la longue d'abord, c'est-à-dire de 1 Carreau.
7 - Bicolore 4-5, avec main faible (12 + 2 = 14 points). Mais la longue est déclarable, on ouvrira donc de 1 Carreau.
8 - Encore un bicolore 5-4, faible (14 points). Mais, cette fois-ci, la couleur par 5 n'est pas déclarable. Il faut donc ouvrir de 1 Pique.

La méthode des « majeures par 5 »

Selon cette convention, toute ouverture à Cœur ou à Pique, au niveau de 1 à la Couleur, promet au moins 5 cartes dans cette couleur. L'avantage de cette convention est évident. Les statistiques montrent que c'est dans des couleurs majeures (Pique ou Cœur) que sont réalisées les demandes de manches les plus fréquentes. Cela se comprend, puisqu'il faut 4 Piques ou 4 Cœurs pour faire une manche, alors qu'avec une couleur mineure, il faut monter jusqu'à des contrats par 5 levées. Il est donc particulièrement intéressant de pouvoir renseigner rapidement son partenaire sur le nombre de cartes que l'on a dans une majeure, afin de lui permettre d'envisager rapidement une manche, ou, du moins, un soutien. Avec la convention de n'annoncer les majeures que par 5, le partenaire de l'ouvreur n'a plus beaucoup de problèmes à se poser : s'il possède 3 cartes dans la majeure d'ouverture, il peut donner, sans hésitation, son soutien. En effet, dans ces conditions, l'ouvreur et son partenaire ont 8 cartes en mains, au minimum, contre 5, au maximum, chez les adversaires. Leur force en atout est suffisante pour pouvoir envisager, si les mains sont fortes, une manche à la Couleur. De plus, la méthode des « majeures par 5 » s'accompagne d'une autre convention : la répétition d'une majeure promet soit une « majeure par 5 » très forte, soit 6 cartes. Les inconvénients de la méthode sont d'ordres divers. Le plus important est le suivant : lorsqu'on possède un bicolore avec une majeure par 4, même si ces cartes sont fortes, on ne peut pas l'annoncer; on passe alors, fréquemment, à côté d'un fit et on ne possède guère de moyens de faire connaître cette force au partenaire. Il faut en outre prévoir un certain nombre d'autres conventions, notamment pour permettre au partenaire de l'ouvreur de parler lorsque les flancs sont intervenus. En conséquence, l'utilisation systématique de la méthode, notamment par des joueurs peu expérimentés, conduit à ne jouer que les contrats aux couleurs majeures quand ils sont certains, et à laisser passer les contrats probables, même lorsque leur coefficient de probabilité est élevé.

Une variante, parmi d'autres, à l'ouverture des « majeures par 5 », est ce qu'on appelle « la longue tendance majeure », formule condensée qui signifie que l'on ouvre de préférence dans une majeure lorsque celle-ci est par 5 cartes, mais que l'on admet l'ouverture d'une majeure par 4 à condition que la couleur soit belle. La longue tendance majeure est un compromis entre deux méthodes. Comme tous les compromis, elle exige d'être mise en œuvre par des joueurs expérimentés. Nous vous renvoyons aux ouvrages cités dans la Bibliographie pour plus de détails.

Main tricolore

C'est une main qui présente l'une des deux distributions suivantes : 5-4-4-0 ou 4-4-4-1. La distribution 5-4-4-0 se traite comme un bicolore 5-4 en ouvrant de la couleur la plus longue. La distribution 4-4-4-1 est plus délicate. La convention habituelle est la suivante : il faut ouvrir de la couleur immédiatement en dessous du singleton, et, si le singleton est à Trèfle, il faut ouvrir de 1 Pique.

Voici un exemple :

♤X
♡R10XX
◇AVXX
♧DVXX

Distribution 4-4-4-1. Le singleton est à Pique, il faut donc ouvrir de 1 Cœur (couleur immédiatement en dessous du singleton). Si les Cœurs n'étaient pas déclarables, on ouvrirait de 1 Carreau.

Remarques

Il existe d'autres méthodes d'annonces (par exemple le canapé, qui connut un certain succès chez les joueurs français dans les années cinquante). Dans tous les cas, la préoccupation est toujours la même : il s'agit de donner à son partenaire le maximum d'informations sur son jeu (force et distribution), en parlant au niveau le plus bas (ce qui est prudent), et en se réservant, toutes les fois que la chose est possible, une porte de sortie. Quelle qu'elle soit, une méthode ne doit pas être appliquée aveuglément. Il faut tenir compte, dans l'ouverture, de la situation générale du jeu : est-on vulnérable ou non vulnérable, possède-t-on déjà un score partiel, ne risque-t-on pas, en annonçant un jeu un peu faible, de donner l'occasion aux adversaires de parler et de trouver un contrat favorable? etc.

Le bridge est un jeu de réflexion et non un jeu mécanique. Il existe des ouvertures douteuses. Les méthodes les plus subtiles sont alors souvent vaines, et les commentaires, après le coup, risquent d'être abondants. Vous trouverez dans les traités de bridge, de nombreux problèmes d'annonces, auxquels vous pourrez vous adonner et qui vous permettront de vous perfectionner.

Autres ouvertures

Main forte (de 20 à 23 points)

Avec une distribution Sans-Atout, et si l'on a 20, 21 ou 22 points dans sa main, l'ouverture est, à peu près obligatoirement, de 2 Sans-Atout. On remarquera, au passage, la précision des ouvertures à Sans-Atout : 1 Sans-Atout signifie que l'ouvreur possède entre 16 et 18 points, 2 Sans-Atout qu'il possède entre 20 et 22 points. On notera aussi qu'avec 19 points et une distribution Sans-Atout, l'ouverture se fait toujours à la Couleur.

Si l'on a une couleur déclarable, autre que Trèfle, l'ouverture la plus communément admise est de 2 levées à la Couleur. Jadis, des joueurs pratiquaient souvent le système dit « le 2 faible » qui consistait à ouvrir de 2 levées à la Couleur une main possédant une belle couleur, par 6 cartes et 2 honneurs (au minimum), et entre 8 et 11 points. Ce système a fait des ravages, non seulement parmi les joueurs débutants, mais aussi parmi les joueurs expérimentés. Nous ne le citons ici que pour mémoire. Actuellement, une ouverture de 2 à la Couleur est une ouverture qui promet une main moyennement forte (plus de 19 points mais moins de 23 points), et une couleur jouable. Dans le système de la longue, l'ouverture de 2 levées à la Couleur exige, en principe :

1 - une ou deux couleurs longues (par 5 ou 6).
2 - un minimum de 8 levées sûres dans la main.
3 - moins de 23 points.

Ces exigences sont celles du système britannique connu sous le nom de système « Acol ».

L'ouverture de 2 à la Couleur n'est pas « forcing » pour la manche. C'est-à-dire que si le partenaire de l'ouvreur a un jeu extrêmement faible (2 ou 3 points, par exemple), il n'est pas obligé de maintenir les enchères ouvertes jusqu'à ce que le contrat de manche soit demandé par l'ouvreur.

Main très forte (23 points et plus)

Toutes ces mains quelle que soit leur distribution, s'ouvrent maintenant selon la convention du « 2 Trèfles ». Cette annonce conventionnelle ne signifie pas que l'ouvreur désire jouer le contrat à Trèfle. C’est une simple interrogation à laquelle le partenaire doit obligatoirement répondre, selon les règles suivantes :

• s'il n'a pas d'As et moins de 8 points d'honneurs, il répond : 2 Carreaux.
• s'il n'a pas d'As, mais au moins 8 points d'honneurs (ou plus), il répond : 2 Sans-Atout.
• s'il a l'As de Cœur ou l'As de Pique, il répond : 2 Cœurs ou 2 Piques.
• s'il a l'As de Carreau, il répond : 3 Carreaux (enchère nécessaire qui ne doit pas être confondue avec l'enchère négative de 2 Carreaux).
• s'il a l'As de Trèfle, il répond 3 Trèfles.
• s'il a 3 As, il répond 4 Sans-Atout.

Selon une autre convention, assez répandue, l'annonce des As, quand ils sont au nombre de deux, se fait aussi de la manière suivante :

• 2 As rouges : on annonce 3 Cœurs.
• 2 As noirs : on annonce 3 Piques.
• 2 As de couleurs différentes : on annonce 3 Sans-Atout.

Les débutants se demandent peut-être à quoi correspond ce code mystérieux. Le principe en est très simple. Si l'ouvreur possède plus de 23 points, il suffit que son partenaire ait 2 ou 3 points pour qu'il puisse réaliser une manche à 3 Sans-Atout, qu'il ait 4 ou 5 points pour que la manche puisse être envisagée à 4 Cœurs ou à 4 Piques, qu'il ait 6 ou 7 points pour qu'elle soit possible à 5 Carreaux ou à 5 Trèfles. En outre, si le partenaire de l'ouvreur a plus de 8 points, on se trouve dans la zone du chelem. Il est donc du plus haut intérêt pour l'ouvreur, s'il veut utiliser avec la plus grande efficacité la force de son jeu, de connaître exactement les possibilités de son partenaire. D'où le principe d'une interrogation conventionnelle et de réponses tout aussi conventionnelles. Celles que nous avons indiquées sont les réponses aux As. Il existe aussi, signalons-le, une méthode de réponse aux 2 Trèfles conventionnels qui indique les points que le répondant possède dans son jeu.

Ainsi, sur une ouverture de 2 Trèfles, on répond :

• 2 Carreaux, si l'on a entre 0 et 4 points.
• 2 Cœurs, si l'on a 5 ou 6 points.
• 2 Piques, si l'on a 7 ou 8 points.
• 2 Sans-Atout, si l'on a 9 ou 10 points.
• 3 Trèfles si l'on a 11 ou 12 points.
• 3 Carreaux, si l'on a 13 ou 14 points.
• 3 Cœurs, si l'on a 15 ou 16 points.
• 3 Piques, si l'on a 17 ou 18 points.

Cette réponse par points est moins répandue que la réponse aux As.

L'ouverture à 3 Sans-Atout

Autrefois, on annonçait 3 Sans-Atout avec une main très forte (24 ou 25 points) et une distribution Sans-Atout. Actuellement, ce genre d'ouverture est totalement abandonné, et on lui préfère le 2 Trèfles conventionnel. Néanmoins, dans certains cas, il peut être amusant d'utiliser l'ouverture à 3 Sans-Atout. Elle signifie alors strictement ceci :

1 - un minimum de 15/16 points.
2 - l'existence d'une couleur longue mineure et d'un arrêt dans deux autres couleurs.
3 - la certitude, pour l'ouvreur, de réussir 9 levées d'affilée.

Les bons joueurs considèrent que l'ouverture à 3 Sans-Atout est un véritable gaspillage. Voici ce qu'écrivait le grand joueur français Pierre Albarran (Encyclopédie du bridge moderne, Paris, Arthème Fayard, 1957, p. 176) : « Je n'utilise cette convention, personnellement, qu'avec mes partenaires favoris et je vous laisse le soin de décider si vous voulez ou non l'employer. Je désapprouve, en tout cas, l'abus qui est fait de son usage. »

Les ouvertures de barrage

On appelle ainsi des ouvertures qui sont destinées à gêner les adversaires en les obligeant à parler à un niveau élevé, c'est-à-dire à prendre des risques pour échanger des informations. Il est facile de comprendre dans quelles circonstances on sera amené à les utiliser. Supposons que Sud soit ouvreur. Il fait équipe, comme nous l'avons déjà vu dans nos exemples précédents, avec le Nord, et il joue contre Ouest et Est, assis respectivement en Est et en Ouest. Ouest et Est sont vulnérables, Nord donne les cartes et s'aperçoit qu'il a un jeu décevant, par exemple le suivant :

♤X
♡XX
◇RDVXXXX
♧DXX

Il fait un compte rapide : 8 points d'honneurs, 3 points de distribution, soit au total : 11 points. Son raisonnement est alors (ou devrait être) le suivant « J'ai un jeu faible, mon partenaire risque d'avoir, lui aussi, un jeu faible, et dans ce cas, Ouest et Est ont un jeu suffisamment fort, qui va leur permettre, vraisemblablement, de demander la manche et de la gagner. Je ne suis pas vulnérable, par contre, Ouest et Est le sont. S’ils gagnent la manche, ils emportent la partie et vont marquer 700 points. Néanmoins, j'ai peut-être une chance de les empêcher de parler, en demandant 3 Carreaux. Dans ce cas, ils seront obligés de parler à un niveau élevé (ils devront dire 3 Cœurs, ou 3 Piques, ou 3 Sans-Atout) et cela risque de les embarrasser. Quant à moi, en demandant 3 Carreaux, je risque, certes, de chuter, mais je ne perdrai sans doute pas beaucoup de levées. En mettant les choses au pire, je ferai en tout 6 plis (6 Carreaux, après avoir fait tomber l'As), c'est-à-dire que je chuterai de 3.

Si Ouest ou Est contrent, je perdrai donc 500 points, ce qui est moins cher que de perdre 700 points de partie. » Si Sud avait été vulnérable, il aurait fait un raisonnement analogue, mais il aurait dû se dire : « Je ne dois pas me permettre de perdre plus de 500 points, c'est-à-dire je ne dois pas me permettre de chuter de plus de 2 », car 2 de chute vulnérables contrés coûtent 500 points. Ainsi, l'ouverture de barrage n'est pas une ouverture positive. C’est un moyen d'empêcher les adversaires de faire une manche, ou du moins c'est une occasion de les embarrasser, et de les obliger à jouer à un niveau difficile. L'ouverture de barrage obéit à ce qu'on appelle la « règle du 2 et du 3 » de Culbertson : on peut se permettre de perdre deux levées seulement si l'on est vulnérable, et 3 levées si l'on est non vulnérable. Il peut évidemment, certes, éviter de se lancer dans les complications qu'elles entraînent, mais il doit être à même de les comprendre, au cas où elles seraient utilisées par un partenaire plus aguerri que lui.

Scroll to Top