Évaluation de la main au Bridge

La première question qu'il faut se poser est : quelle est la valeur de la main que l'on possède ? Il est certain qu'une main dans laquelle il y a de nombreux As, de nombreux Rois, etc., est plus forte qu'une main qui ne comporte aucun honneur.

Comment évaluer cette force d'une façon objective ?

En utilisant, tout simplement, la méthode préconisée par Milton Work en 1925 et qui consiste à attribuer à une main un certain nombre de points, appelés points IMPS (International Match Points).

Les points d'honneurs

Il est bien évident que les honneurs, c'est-à-dire les hautes cartes, ont plus de chances de faire des levées que les basses cartes. Il vaut mieux posséder l'As de Trèfle que le 2 de Trèfle dans son jeu, par exemple. Plus une main est riche en honneurs, plus elle est forte, mais il est tout aussi évident qu'il vaut mieux avoir l'As que le Roi, le Roi que la Dame, et la Dame que la Valet.

Work a donc proposé d'évaluer une main selon le principe suivant, que tous les joueurs de bridge du monde appliquent à l'heure actuelle :

As = 4 points
Roi = 3 points
Dame = 2 points
Valet = 1 point

Ci-dessous quelques exemples de mains : vous pouvez vous entraîner à calculer leur valeur en points Work (ces points sont aussi appelés, parfois, des points d'honneurs).

Main 1
Main 1
Main 2
Main 2
Main 3
Main 3
Main 4
Main 4

Exemple de décomptes de points d’honneur : la main 1 vaut 10 points, la main 2 vaut 13 points, la main 3 vaut aussi 13 points et la main 4 vaut 23 points.

Les points de distribution

Examinons maintenant les mains n° 2 et n° 3 de l'exemple précédent. Elles ont la même valeur en points d'honneurs, puisqu'elles valent toutes deux 13 points. Il y a cependant entre ces deux mains une différence importante : la main n° 3 possède une chicane à Trèfle. Cela signifie que, si l'adversaire possède l'As de Trèfle, et que le contrat se joue à Pique, par exemple, ou à Cœur, ou à Carreau, le joueur qui possède cette main pourra prendre l'As de Trèfle en coupant, et cela dès le premier coup de Trèfle. En conséquence, cette chicane à Trèfle peut être considérée comme aussi forte que la possession d'un As de Trèfle. Néanmoins, en gagnant un pli à Trèfle avec une coupe, la main en question s'affaiblira en atout : par conséquent il y a lieu de considérer que la chicane à Trèfle, tout en étant indiscutablement une force liée à la distribution des couleurs à l'intérieur de la main, n'est pas une force absolue. On pourrait faire des remarques analogues s'il existait un singleton ou un doubleton dans la distribution. Le joueur américain Goren a proposé une méthode pour évaluer la distribution d'une main, méthode qui revient finalement à ceci :

chicane = 3 points
singleton = 2 points
doubleton = 1 point

Nous dirons donc, pour évaluer la main n° 3 de l'exemple précédent, qu'elle vaut 13 points d'honneurs (points Work) mais qu'elle vaut 16 points si l'on tient compte des points de distribution (ici : 3 points pour une chicane).

Remarques

L'évaluation des points de distribution que nous venons d'indiquer doit être appliquée par le joueur qui ouvre les enchères. Le répondant, par contre, doit les apprécier différemment. Reprenons encore l'exemple de la main n° 3 :

• si cette main est celle de l'ouvreur, elle vaut 16 points, comme nous venons de l'expliquer.

• si cette main est celle du répondant, sa valeur dépend de l'enchère de l'ouvreur, son partenaire. Si celui-ci a ouvert de 1 Trèfle, il est bien évident que la chicane à Trèfle n'est pas une force, mais une faiblesse dans le cas où le contrat serait joué à l'atout Trèfle; il faudra la compter pour zéro point. Par contre, si l'ouvreur a parlé à une autre couleur que Trèfle, cette chicane est certainement plus forte que l'As de Trèfle, et on pourra lui attribuer, par exemple, 5 points. A titre d'indication, voici donc les points de distribution qu'un répondant doit compter lorsque la chicane, le singleton ou le doubleton qu'il possède ne sont pas dans la couleur d'ouverture de son partenaire :

chicane = 5 points
singleton = 3 points
doubleton = 1 point

Les plus-values

Supposons qu'un joueur possède dans sa main l'As et le Roi de Pique. Ces deux honneurs comptent pour 7 points, et, s'il joue convenablement, le joueur a de grandes chances de faire deux levées à Pique. Supposons maintenant que son Roi de Pique soit transformé en un Roi de Carreau. La présence d'un As et d'un Roi dans sa main compte encore pour 7 points; mais le joueur est moins certain de pouvoir faire deux levées : si l'As de Carreau est « mal placé », il risque de perdre son Roi de Carreau. Il a donc encore, dans le deuxième cas, 7 points d'honneurs, mais ces 7 points n'ont pas la même valeur que les 7 points d'honneurs du premier cas. Nous dirons que, dans le premier cas, son jeu présente une plus-value et dans le second cas, une moins-value. La notion de plus-value et de moins-value est difficile à définir. Elle est en quelque sorte la goutte d'eau qui permet, dans certains cas, d'enchérir avec plus d'audace.

La suite avec les enchères.

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